Plongé dans son mutisme, Alrik faisait en sorte de disparaitre dans un recoin sombre de la grotte. Cependant, il sentait en lui une certaine fierté, celle d’avoir réussi à lancer un mouvement qui semblait faire avancer les choses. Si d’autres restaient simplement muets et en retrait, un garçon s’était donné pour mission de mieux éclairer les lieux alors que Ràn et Raphael, fidèles à eux même, s’agitaient. Lorsque le Hald quitta enfin les lieux, le guide ressentit comme un poids en moins sur ses épaules et lorsque Ràn tira sur l’un des tissus qui constitué le bas de son habit, il se pencha à ses côtés, ne sachant trop quoi faire.
Ainsi, à genoux dans la poussière, il regardait l’ombre à peine perceptibles des doigts de la jeune femme glisser sur la pierre, et soudain elle sembla trouver quelque chose. Il extirpa du trou le petit sac en toile alors que l’apprentie shaman soulevait la pierre et entreprit de l’ouvrir pour découvrir un amoncellement de graines, séchées par le temps. Il leva les yeux vers Ràn, sentant au fond de son cerveau des rouages se mettre à tourner.

Les tribus, des offrandes, des signes semblant être liés aux peuplades, les bols, le blé… l’ensemble des éléments cherchaient à trouver un emplacement logique, une harmonie dans l’esprit d’Alrik qui sentait venir la solution… mais qu’il n’arrivait totalement à atteindre. Si seulement il avait été de ceux qui ne pouvaient s’empêcher de réfléchir à voix haute, peut être que ses pensés auraient pu en mettre un autre sur la voie. Mais il restait là, tenant le petit sac entre ses mains, le regard dans le vide, perdu dans ses propres considérations.
Soudain il sembla sortir de son mutisme, ses yeux s’étaient posés, par inadvertance sur un autre signe. Celui là aussi il le connaissait. Mais il ne savait plus d’où. Ce F lui disait quelque chose… quelque chose d’important… Mais quoi ? Prenant le temps, levant une main pour signifier qu’il allait parler mais qu’il fallait lui laisser un instant pour mettre en ordre ses pensées, il finit enfin par lâcher une phrase qu’il espérait clair :
« Pourriez-vous… commença-t-il, stoppant déjà sa phrase, intimidé par le monde, prenant soin de parler à voix basse pour ne pas attirer l’attention du Hald, pourriez-vous, tous, me dire… dire à Ràn… Oui à Ràn… si l’un de ces symboles est spécifique à une tribu ?... Parce que… les graines… enfin je veux dire… Cela peut être… les Njords ? »

Il porta son regard vers Ràn, ses deux sourcils formant un pli suppliant, ses yeux l’implorant de comprendre ce qu’il cherchait à dire. Si quelqu’un ici pouvait le comprendre, c’était bien elle.

Spoiler:

Raphaël qui se dépatouillait tant bien que mal contre tout ce qui l’agressait pour rester concentré, sentit le contact de Ràn, qui lui fit lever la tête, avant de la suivre du regard, pour la voir toucher le sol. Il l’observa, parce qu’observer c’était pas totalement penser. Ca restait plus facile. Il vit ce qu’elle faisait, il vit le symbole, et enfin, le sac.
Sac qui contenait donc les graines et tout ce qui allait avec. Raphaël l’observa, fronçant les sourcils comme pour rester là, et parvenir à tenter d’écouter si les voix avaient des indices intéressants.
C’est ça qui lui permit d’entendre plus ou moins les mots d’Al. Al qui disait que les graines pouvaient être les Njords.
Vu leur talent dans tout ce qui était l’agriculture et tout le reste, ça pouvait être ça. Et le symbole était un des six symboles présent sur le mur et intrigant tant toute la petite troupe.
Raphaël repensa aux offrandes, repensa à ce que les autres avaient dit et qu’il avait entendu, et les voix qui balançaient toujours des énigmes dans sa tête, ne l’aidaient pas tant mais il réussit à lâcher :

- Offrande de chaque tribu par spécialité ?

Sa phrase restait toujours concise, comme il avait toujours du mal à pouvoir en faire des plus normales. D’autant qu’il était trop lancé dans cette histoire pour prendre le temps de mettre plus de pronoms.
Raphaël imita alors Ràn, à la recherche d’autres indices sur le sol, touchant la moindre parcelle, cherchant la moindre imperfection, ou le moment où les voix dans sa tête s’agiteraient le plus. Il devait bien y avoir quelque chose en plus.

Spoiler:

Le petit Raphael semblait avoir compris ce que le guide avait voulu exprimer. Bien que l’enfant, que le guide avait fini par identifier comme étant le petit qu’il avait une fois aidé dans les bois -qui n’était d’ailleurs pas si petit que cela-, continuait à s’exprimer par phrase parfois trop courtes pour être compréhensibles, il sentait que celui-ci avait saisi son idée. Aussi secoua-t-il vivement la tête dans sa direction pour lui indiquer que c'était bien cela qu'il voulait dire. Le sac dans une main, toujours à genoux, il se mit à tâtonner autour de lui pour tenter de trouver, dans cette pénombre agaçante, une nouvelle cachette.
Il aurait voulu demander au garçon à la torche d’éclairer le sol, de leur donner une meilleure visibilité, mais il n’osait pas s’adresser à lui. Aussi continua-t-il son inspection à tâtons, préférant la difficulté de l’exercice à celle de parler de nouveau devant tout le monde. Le jeune Luspien faisait de même de son côté. Le guide espérait qu’ainsi, en ayant lancé le mouvement, les autres se mettraient à leur tour à chercher. Pour le moment son esprit se concentrait sur la tâche, sur l’envie de résoudre cette énigme, sur l’inertie de ses pensés qui cherchaient une solution. Il ne penserait aux conséquences de la résolution que plus tard… Ignorer les conséquences lui évitaient de se trouver submerger par la peur.

Soudain, sous ses doigts, le sol ne fut plus le même. Dans un recoin sombre, presque imperceptible dans l’obscurité, il sentit sous sa peau un nouveau signe gravé. Impossible pour lui de savoir lequel, il tente de le deviner au toucher mais hésite. Il ne prit même pas la peine d’indiquer aux autres sa découverte, cherchant, à la manière de Ràn quelques minutes plus tôt, comment soulever la dalle. Et voilà qu’il trouve de quoi glisser ses doigts sous la pierre et il la soulève.

Spoiler:

Tu voudrais traîner avec toi cette horrible femme afin de la surveiller de plus près, mais avec tous ces visages hostiles – une bande d'idiots – tu te contentes de partir dans ton coin et de t'éloigner du groupe.    Leur discussion t'exaspère et ils semblent déterminés à agir de manière irréfléchie et stupide.  Ce n'est pas pour rien qu'ils n'appartiennent pas à ta tribu.  Personne parmi eux n'aurait un comportement aussi délibérément aveugle et insensé.  Des choses étranges se passent sur vos  terres.  Des hommes disparaissent et reviennent dans un drôle d'état.  Un jeune garçon, tu le connais bien a disparu pendant deux ans dans le désert et il est revenu comme s'il n'était que parti en balade de quelques heures alors que tout le monde le croyait déjà mort et qu'il n'obtiendrait jamais d'obsèques pour envoyer son âme dans l'au-delà.  Mais eux, pourtant, malgré toutes ces choses étranges, ils considèrent qu'écouter des voix entendues en rêve dans un délire collectif que tu ne partages visiblement pas ce qui prouve que tu es le seule homme sain d'esprit dans cette caverne.

Tu maugrées dans ton coin contre la stupidité humaine en cherchant sur les parois des indices de quelques pièges.  Concentré dans ton travail, tu ne remarques pas tout de suite une pierre un peu plus branlante que les autres.  Inconscient du danger, tu poses imprudemment ton pied dessus.  Dès que tu sens le mouvement tu t'écartes brusquement pour éviter une armée de flèches invisibles ou des piques qui sortiraient de la terre.  Mais la seule chose qui ne se produit, c'est que dans ton élan tu as soulevé la pierre et tu as découvert une cache.  Tes yeux se posent rapidement sur le symbole familier, outré de le voir apposé ainsi sur le sol.  C'est une profanation, une disgrâce et tu le hurlerais à tout le monde si cela ne risquerait pas de les attirer là où tu es.

D'ailleurs tu remarques qu'ils ont découvert autre cache et qu'ils s'empressent de s'emparer de ce qu'elle cache.  Tu lâches un juron.

Bande d'imbéciles sans cervelles.  Et ça ose dire que les Halds ne sont que muscles...

Spoiler:

Comme un déclic, la solution se livre doucement à eux. Des cachettes, de partout, sur le sol, les murs peut-être même. Les fresques délivrent une histoire, les runes les clés. Ràn en trouve, puis Alrik, et ce n'est qu'un instant plus tard, fugace qu'un crissement se fait entendre. Serrant son précieux paquetage contre sa poitrine, elle tourne la tête pour apercevoir Lothar. Son pied qui se recale imperceptiblement, trop vite pour que ça ne soit naturel. La dunienne l'observe au travers de la pénombre et tente d'y déceler ses pensées. Ses yeux dérivent du sol à lui et elle ne met pas longtemps à comprendre. Les autres aussi, alors qu'un mouvement se fait vers lui.

Il fallait avancer, c'était un besoin viscéral qui bouillonnait au creux de leur ventre, celui de Ràn également. Oppressée, elle l'était, mal dans son corps également, mais ce n'était pas la pesanteur qui alourdissait d’ordinaire ses épaules, non, c'était autre chose, elle devait le trouver, la trouver. Qui ou quoi? C'était une autre paire de manches, mais l’obsession devenait de plus en plus forte dans son esprit. Elle n'arrivait pas à lutter et cela prenait tant de place que plus rien ne semblait compter. Pas même Raphaël. Ouvrir la porte, il le fallait, à tout prix, vite, vite, vite avant que...que quoi? Qu'il ne soit trop tard, mais tard de quoi? Elle avait vaguement conscience que tout ça n’était pas normal, que ces pensées, cette hâte n'était pas la sienne, mais elle ne pouvait lutter, mieux, elle ne le voulait pas vraiment. Quelque chose dans la détresse qui l'habitait faisait écho dans la sienne propre. L'apprentie voulait l'aider, l'apaiser, quoi ou qui, là encore elle ne saurait y répondre. Alors elle se lève, laissant ses doigts sur le mur, caresser la pierre froide pour y déceler les caches et les gravures des runes.

Là sous ses doigts il lui semblait sentir quelque chose, des sillons plus profonds. Elle fit signe aux autres pour que quelqu'un vienne vérifier. Mais en attendant, elle devait s'occuper de ce guerrier gênant. La tête bourdonnante, elle n'était plus vraiment elle-même.

-Quoique je dise tu ne me donneras pas crédits n'est-ce pas. Mais s'il te plait, s'il te plait, laisse nous faire, il faut que ça cesse, ces rêves et ces sensations. Laisse-moi récupérer ce que tu caches.

Tout en parlant, avec lenteur, elle s'accroupissait et dépliait ses bras pour atteindre la cachette et son trésor.

Spoiler:

Cet homme te parle trop. Non, décidément, tu sais que tu le connais. Et cette rune étrange est exactement la même que celle de la porte. Autour de toi, Ràn, le gamin et les autres découvrent petit à petit des cachettes sous les symboles. Personne ne semble encore avoir remarqué cette pierre. Même si la personne à côté, sa torche dans la main, continue de te parler. Tu ne distingues pas bien les traits de son visage mais le peu que tu vois ne t'es pas étranger. Finalement, ta curiosité l'emporte sur la prudence. Avec discrétion, tu approches de cette silhouette si familière, perdue dans des souvenirs. Tu prends bien soin de contourner le guerrier Hald, maintenant trop occupé à la pierre branlante qui vient de céder sous ses pieds. Le bruit a également attiré l'attention des autres ce qui te  laisses l'opportunité de prendre contact avec l'homme. Tu t'approches donc, furtivement, silhouette gracieuse et agile qui se faufile un chemin entre quelques personnes. Tu es près de lui, presque collée au mur où la rune que tu as remarqué est dessinée. Tu le fixes. Intensément. Il ne t'a pas encore vu. Puis un mouvement. Une lueur qui éclaire un souvenir oublié. Non. Non.

-Maël...

Le nom est lâché dans un souffle. Un faible murmure. Tu blêmis et le choc te fait reculer tandis que ta main vient se poser inconsciemment sur la rune. Tu sens ta main s'y enfoncer. La pierre bouger et dévoiler ses secrets. Qu'est-ce que...
Ton frère. Ton frère est là, bien réel, bien distinct. Loin de l'image brumeuse que cultive tes rêves. C'est bien lui. Et tu sens ton cœur accélérer son mouvement alors que, autour de toi, tout s'arrête. Combien de fois as-tu rêvé cette rencontre ? Combien de fois l'as-tu redouté ? Les esprits t'ont amené droit dans la toile de ton passé. Six années ont ruisselé sous les ponts. Six années à chérir ce frère qui représente le plus grand regret de toute ta vie. Il a suffi d'un événement étrange pour vous rassembler. Qu'il entende les voix ne t'étonnent pas. Lui si sensible à la nature. Et là, il est en face de toi. Toi qui vient de révéler une autre énigme de cet étrange rassemblement. Mais, immobile, tu n'arrives toujours pas à bouger, totalement paralysée par ton passé qui t'a rattrapé. Maël. La rune.
Maël.

Spoiler:

Tu regardes la jeune femme avec un dédain profond et l'envie de l'envoyer valser au loin d'un coup de pied bien senti au visage te prends très fortement.  Cependant, en comptant votre nombre, tu considères que ce n'est pas nécessairement une excellente idée.  Tu n'as pas peur pour tes jours et probablement qu'ils ne pourraient pas te faire vraiment mal, mais ils sont suffisamment pour te tenir occupés.

« Même si tu avais raison, ce qui n'est certainement pas le cas, tu n'aurais aucun crédit.  Tu n'en mérites pas, tu es de la pire sous espèce de ce continent, » lances-tu, cruel.  Si elle ose te défier si ouvertement, elle n'a qu'à en payer les conséquences pleinement.  Tu te penches à ton tour et attrapes durement son menton entre tes mains.  Tu ne te préoccupes pas de savoir si tu lui fais mal ou non.  Ce n'est pas ton affaire.

« Je serai ravi de plonger la lame de mon épée en travers de ton corps quand on apprendra ce que tu auras fait, ta seconde trahison.  Les tiens sont trop bons pour croire à une seconde chance pour les gens de ton genre.  Quand ce jour viendra, ne vient pas pleurnicher que le sort est injuste contre toi.  Je t'aurai prévenue. »

Tu la lâches en la repoussant et tu vas auprès de Raphaël que tu soulèves et poses sur tes épaules.

« Il y a une autre cache là sur le mur, à toi de jouer.  Puisque vous êtes si égoïstes et que pour retrouver un sommeil paisible, seulement quelques personnes, prêts à sacrifier le reste des terres. »

De mauvaise foi, une fois sur tes épaules, le gamin est assez grand pour ouvrir la cache.  Il n'est pas assez grand seul, toi oui, mais tu refuses de contribuer directement à cette hérésie globale.

Spoiler:

Résoudre l’énigme.

Depuis qu’il avait trouvé la seconde cache il n’avait plus que cela en tête. Se focaliser sur cette idée l’aidait à oublier qu’il se trouvait dans une grotte, entouré de gens qu’il peinait à identifier, d’un Hald particulièrement agressif… tous réuni ici par le bon vouloir d’un esprit dont ils ne savaient rien. Oui, le guide ne pensait plus qu’à cela. Les rouages de son esprit tournaient à pleins régimes dans une bouillie d’idées et de considérations qui allaient, comme souvent avec lui, trop vite pour qu’il ait seulement le temps d’en saisir le moindre sens. Mais ce brouhaha incessant de réflexions anesthésiait pour le moment sa gêne, sa peur et ses doutes. Alors il s’y accrochait désespérément.

Il ne remarqua même pas les gestes agressifs du Hald envers Ràn. S’il les avait vu, il n’aurait certainement pas osé approcher de la jeune femme, tête basse, regardant sur le côté, pour lui demander dans un souffle de lui remettre les offrandes qu’elle avait trouvées. S’il avait seulement perçu l’ardeur du guerrier, il s’en serait retourné à ses recoins sombres pour s’en éloigner le plus possible. Mais non. Evoluant dans une sorte de boule cotonneuse, tout à la mission qu’il s’était fixé : ouvrir la porte, il ne percevait pour le moment qu’une fraction réduite et ciblée du monde qui l’entourait. Il sentait, remuant à l’orée de ses sens une panique coutumière le prendre, sa timidité s’agiter, mais pour le moment elles tournaient, lions en cage, incapables de parvenir à l’atteindre.
Tout comme les sentiments des autres d’ailleurs. Aussi après avoir récupéré de ses mains les offrandes que Ràn avait réussies à récolter, il se dirigea vers la femme encapuchonnée et son compagnon masculin à la torche. A l’accoutumée, la panique de la jeune femme l’aurait touché au plus profond de son être. L’aurait peut-être même poussé à agir pour lui venir en aide, l’aider à se calmer. Mais, mû par cette étrange volonté, ce désir qui l’englobait, il ignora tout simplement l’affolement de celle qui se trouvait en face de lui pour simplement s’emparer du sac et s’éloigner, comme si de rien n’était. Ses yeux continuaient de balayer des points lointains, son attitude entière démontrant son refus d’interagir avec la réalité qui l’entourait.

En toute logique, il les avait tous. Aussi, sans hâte, se mit il à faire correspondre offrandes et symboles, déposant chaque don dans la coupole qui lui était destinée. Il en manquait encore, mais 4 d’entre eux étaient désormais en place.  

Spoiler:

Tandis que chacun tentait de trouver les offrandes correspondant aux différentes tribus, je restais près de la porte, éclairant les murs. Une sorte de curiosité me poussait à vouloir que la porte s’ouvre, mais tout ceci m’inquiétait. Les ombres qui dansaient sur les murs me semblaient différentes et m’hypnotisaient. J’avais l’impression qu’elles se jetteraient sur moi si je les quittais des yeux. Et soudain, une voix me fit perdre pied. Une voix qui murmurait mon nom. Je me retournais, cherchant des yeux sa provenance. Une silhouette féminine, encapuchonnée, était appuyée sur le mur. Je ne pouvais pas voir son visage. J’avais l’impression d’avoir reconnu la voix, mais une partie de moi refusait d’y croire. Etait-ce un mirage, provoqué par les esprits qui habitaient cette grotte ? Avant que je ne puisse approcher ma torche pour éclairer son visage suffisamment pour la reconnaitre, Alrik s’interposa entre nous pour se saisir de ce que la personne tenait entre les mains.

Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrait, et le mouvement nous sépara. J’aurai juré qu’il s’agissait de Rosalie. Mais comment était-ce seulement possible ? Et si c’était elle, pourquoi était-elle là elle aussi ? Pourquoi ne m’avait-elle jamais dit qu’elle était vivante ? Je me sentais perdu, et je cherchais des yeux la silhouette encapuchonnée parmi celles et ceux qui s’engouffraient avec moi plus profondément encore. A peine étions-nous entrés que la porte se refermait derrière nous, nous enfermant à l’intérieur. Nous étions coincés, et face à nous se dressait un esprit tourmenté. Ses propos incohérents nous menaçaient, nous suppliaient. Ses pleurs résonnaient dans mon cœur. Je sentais sa détresse. Il fallait faire quelque chose. Et puis nous étions coincés ici. Autant l’aider. Ses mots faisaient écho à ces rêves qui m’avaient tenu éveillé toutes ces nuits. Elle. Il cherchait quelqu’un, j’en étais presque certain. Quelqu’un qui lui avait été volé.

Je ne pouvais rester là les bras croisés face à tant de détresse. Il fallait que j’agisse. Me déplaçant sur le sol dallé jusqu’à l’alcôve la plus proche, j’utilisais ma torche pour illuminer les lieux, et commençais à m’avancer prudemment le long des couloirs. Du coin de l’œil, je surveillais les autres autour de moi, espérant revoir celle qui m’avait appelé. Et si c’était vraiment elle ? Si c’était Rosalie ?

Spoiler:

Tu n'oses y croire pourtant c'est bien lui. C'est bien ton frère. C'est bien Maël. Il a fait volte face et la lueur de sa torche a totalement dévoilé ce visage si familier et cher à ton cœur. Tu n'oses pas bougé, pétrifiée, sidérée. Mais ton corps se souvient et amorce de lui-même un faible geste en sa direction. Mouvement qui meurt avant même de véritablement commencé lorsqu'une ombre vient se placer entre vous pour récupérer les indices que tu viens de trouver. Et alors que tu es sur le point de faire remonter à la surface tout tes souvenirs d'avant, la foule t'entraîne à travers cette porte qui vient de s'ouvrir, t'éloignant une nouvelle fois de lui. Et dans la cohue, tu le perds de vue. Passive, tu te laisses faire, ton cœur battant la chamade et la respiration presque haletante. Tes yeux continuent de balayer la foule, cherchant avec avidité ce frère que tu n'as pas revu depuis six longues années. Puis l'écho d'un esprit t'arrache à tes recherches, te plongeant dans une détresse infinie alors qu'il clame son désespoir. Tu as l'impression de revivre tes nuits hantées par les cauchemars, reconnaissant les émotions tumultueuses qui se dégagent de lui. Il cherche, lui aussi. Quelqu'un de perdu qui lui a été arraché. Il la cherche sans relâche et ses supplications, ses menaces te parviennent droit au cœur. Il faut l'aider. Il faut la retrouver.

Tu prends alors conscience de l'endroit où tu es. Un long couloir magnifiquement travaillé, parsemé de portes et terminé par une autre plus imposante. L'endroit est tellement sublime que tu as la sensation qu'il a été façonné par les dieux eux-mêmes. Tu commences alors à t'éloigner dans l'ombre, protégée par ta cape, y trouvant une certaine source de sécurité et de réconfort. Ton cœur et ton esprit sont obnubilés par Maël mais tu n'oses le retrouver, préférant d'abord te concentrer sur ce qui vous a tous conduit ici. Tu longes le couloir vers ta gauche, admirant l'architecture luxueuse de la pièce, tandis que tu ne cesses de quêter la foule du regard, espérant et redoutant y découvrir Maël. Sans trop savoir pourquoi, tu finis par t'arrêter devant l'une des portes. Tu ne sais pas si tu dois ou non les ouvrir mais la curiosité est trop forte et comment espérer y voir plus clair si vous laissez tout fermé ? Et c'est sans vraiment trop réfléchir, mais très décidée tout de même, que tu l'ouvres.

Spoiler:

Beaucoup de choses venaient de se dérouler sous ses yeux. Et il était évident que Raphaël avait tout de même servi, puisque de toute évidence, il trouva quelque chose de doux, quelque chose de beau aussi. Un superbe médaillon, qui pu ainsi servir, et qui permit d’ouvrir la porte.
Les esprits semblaient toujours agités, mais ils semblaient assez intelligents pour se taire quand il le fallait. Ou presque.
Les voix restaient toujours des agités de la vie.

De fait, l’enfant vit la porte s’ouvrir. Lentement, si lentement que Raphaël se sent sautiller, trop distrait, trop peu patient pour attendre.
Entrant, il se rendit rapidement compte qu’ils venaient d’être piégés. Il imaginait très bien comment le guerrier allait réagir, et pourrait comprendre qu’il le prenne plutôt mal, mais sa concentration dériva sur la masse étrangement transparente.

Floue, vague, bizarre, et qui semblait bien désespéré, sinon rempli de culpabilité. La voix surgit alors. Mais celle-ci n’était pas dans sa tête. Elle était réelle, appartenant à cet esprit fantômatique qui paraissait bien peu dans sa peau dans tous les sens du termes.
Raphaël l’écouta. Parce qu’il avait l’habitude d’écouter.
Il semblait bien désespéré, et l’enfant s’en sentit assez attristé. Avançant lentement vers lui, oubliant de regarder le reste de la pièce, il resta devant lui.

- Moi, je ne ris pas de toi. Qu’est ce que tu cherches ?

Les voix lui laissèrent un peu de répit pour lui permettre de faire cela, mais il savait que bientôt elles reviendraient.

- Si c’est quelqu’un, il n’y a que nous. Si c’est quelque chose, je peux t’aider.

Il ne voulait pas voir un esprit souffrir ainsi, Raphaël étant bien trop bon pour accepter cela. Et puis, il n’apportait pas tant de jugement sur le fait de parler à un fantôme à l’air un peu dingue aux propos insensés.
N’était-ce pas ainsi que les gens le voyaient de base, de toute façon ?

Spoiler:

La porte venait de s’ouvrir. Alrik l’observait, les yeux écarquillés. Il avait réussi. Ils avaient réussi. Ils pouvaient désormais avancer. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? La fierté, fugace, d’avoir résolu l’énigme se dilua dans la conscience soudaine de ce que cela impliquait… et la peur reprit sa place, se lovant, ronronnant, dans le cœur et le ventre de guide. Celui-ci tenta vainement de faire demi-tour, de rebrousser chemin. Il n’avait aucune envie d’avancer plus avant, de s’enfoncer dans cette nouvelle pièce, dans ces nouvelles ténèbres. Mais les autres ne lui laissèrent pas le choix, l’incluant sans lui demander son avis dans ce mouvement de foule qui les faire pénétrer dans la nouvelle pièce.

Lorsque la porte se referma, les enfermant -certainement pour toujours- au fond de la grotte, Alrik sentit exploser au fond de son ventre une décharge de terreur qui le fit vaciller. Il se plaqua contre la paroi de la porte fermée, les yeux grands ouverts, déjà embués de larmes. Qu’avait-il fait ? Pourquoi avait-il décidé d’ouvrir ce passage, pourquoi ? Pourquoi faisait-il toujours des erreurs se retournant si atrocement contre lui. Et lorsque le spectre se mit à hurler, pleurer, déverser sur eux sa frustration et sa tristesse, mêlant ses propres sentiments à la terreur tenace de l’homme, Alrik perdit totalement pied.

Soudain, il ne voulait plus qu’une chose : fuir. Fuir loin, vite. Et ce besoin, vital, emplissait chacune de ses pensées, des cellules de son corps. Alors il se jeta contre la porte close, frappant du poing, la martelant jusqu’à ce que ses phalanges ne se mettent à saigner, suppliant entre deux sanglots pour qu’on lui ouvre. Mais l’effort était vain. Fou, il chercha comment s’enfuir, repérant à sa gauche, proche, une porte. Et sans réfléchir il l’ouvrit, s’enfonçant dedans, ne réfléchissant qu’à une chose : s’éloigner de cette chose terrifiante qui faisait jaillir en lui des sentiments qui semblaient vouloir l’engloutir, le noyer tout entier.

Spoiler:

Bien que mécontent, tu suis le groupe qui décide de continuer sa route : c'est que tu n'as pas le choix, ta mission t'ordonne de rester auprès de Ràn et de la ramener dès que possible dans sa tribu.  Les autres ne te laisseront pas la priver de l'aventure, tu le devines bien.  Tu es minoritaire sur la voie de la prudence, tu l'as bien remarqué.

Quand vous traversez la porte et qu'il ne reste plus personne d'entre vous dans la pièce précédente, évidemment, celle-ci se trouve bloquée.  Le mécanisme est plus intelligent que vous.  Du moins, pas plus que toi mais bien plus que cette bande d'imprudents qui sont tes compagnons d'aventure.  Tu te promets de massacrer le premier qui vous met en réel danger, le sang bouillant dans tes veines.  Mais celui-ci se fige quand tu vois un fantôme flotter au milieu de la pièce devant vous.  Tu n'es pas supposé les voir, ce n'est pas un don tu as hérité.  Mais quel est ce maléfice?  Tu jettes un coup d'oeil courroucé à Ràn, certain qu'elle y est pour quelque chose.  Tu te pétrifies encore plus quand l'être éthéré se met à hurler de façon hystérique.  Tu as peur, mais tu sais que le plus grand courage c'est de vaincre ses peurs.  Et quand même les propos, étranges tout de même, du gamin ne font qu'irriter d'avantage la… le… l'esprit? Tu décides qu'il n'y a qu'une chose à faire.

« Trouvons-la. »

De toute façon, vous êtes coincés et peut-être que si vous arrivez à rendre la paix à cet esprit il se calmera et n'enverra pas de tourments sur le reste du continent après vous avoir tués tous.

À l'instar de deux autres membres du groupe, tu te diriges vers une porte pour l'ouvrir et l'explorer : peut-être que ce que cherche si désespérément ce fantôme s'y trouvera.  Tu pousses la porte la plus éloignée de vous à ta gauche  Autant commencer par les portes les plus loin afin de te dissocier de ce groupe d'énergumènes qui d'ailleurs ne feraient que te ralentir si tu devais affronter le danger.  Sans dire à personne ce que tu vas faire, car tu ne réponds des ordres de personne, du moins pas de ceux qui sont présents, tu pousses la porte dès que tu te trouves devant elle et y jette un coup d'oeil.

Spoiler:

Raphaël avait oublié de faire attention aux gens autour de lui. Aux portes, à ce qu’il pouvait y avoir derrière. Il laissait sa concentration ne se positionner que sur cet être étrange et vague que pouvait être le fantôme face à lui.
De fait, le dit fantôme paru se calmer un minimum quand l’enfant lui causa, comme s’il avait compris qu’il avait un peu d’attention, et qu’il pouvait donc se plaindre à au moins une seule personne.

Le fantôme ne semblait pas ravi, et demandait toujours à ce qu’on lui rende ce qu’il désirait. Raphaël avait un petit soupçon de peur, quelques frissons, mais il restait fort. C’était un adolescent intelligent qui savait gérer…Ce genre de désagréments bizarres.
Il comprit ce qu’il désirait, c’était une femme. Du moins, c’est ce qu’il semblait comprendre.
Raphaël entendit Lothar parler de trouver la femme, mais Raphaël pensait qu'il y avait besoin de plus d'informations

- Je suis désolé, mais je ne crois pas être celui qui vous a fait perdre celle que vous cherchiez.

Il était fier de sa phrase qui avait du sens, le petit Raphaël habitué aux coupures. Son mal de crâne était toujours là, et de fait, les voix murmuraient quand même, encore plus maintenant qu’elles avaient envie de donner la solution – ou autre chose, qui sait – à l’enfant.

Il eut une légère grimace, mais ne se laissa pas abattre :

- Qui vous l’a pris ? De qui étiez-vous le larbin ? Ressemblait à quoi ? Un nom ? Je peux vous aider. Je peux bouger. Et des personnes autour qui peuvent aussi.

Il aurait aimé faire taire les voix cette fois, histoire de pouvoir être tranquille quand il voulait répondre au fantôme.

Spoiler:

Tu ne sais pas trop où en sont les autres avec l'esprit fantomatique, tant tes pensées sont éloignées de tout. C'est avec une réelle difficulté que tu te concentres pour éviter de penser à Maël. A la place, tes yeux parcourent cette salle du regard. Ce qui devait être une sorte de bureau, faiblement éclairée par les lumières tremblotantes de quelques torches. Avec prudence tu t'avances. Le ménage n'a pas été fait depuis longtemps. Qu'est-ce que tout ceci signifie ? Quel âge à cet endroit ? Que s'est-il passé au juste ? Derrière toi, tu entends les plaintes de l'esprit et la voix fluette du gamin, sans pour autant en saisir les mots. Si quelqu'un peut l'apaiser, c'est bien lui. Autour de toi, tout semble respirer l'abandon et un passé oublié. Seuls êtres vivants en dehors de toi, des rats qui détalent dès que tu poses un pied sur le sol poussiéreux. Tu soupires. Il n'y a rien ici. Rien en dehors des runes, de ces symboles qui ne cessent de vous suivre de salle en salle. Encore une énigme. Il y en a décidément beaucoup trop. Et alors que tu t’apprêtes à faire demi-tour, quelque chose attire ton attention. Une feuille noire et lisse, marquée d'une encre violente, en parfait état, aussi surprenant que celui puisse paraître. Saisie par une impulsion soudaine, tu tends la main qui se referme sur le papier pour mieux la contempler. Tu ne sais pas ce que ça signifie mais tu décides de la garder. Ça peut toujours servir.

Mais tu n'as pas le temps de plus t'attarder ici qu'une plainte à hérisser le poils de tes bras se fait entendre. Une plainte lugubre, un gémissement effroyable qui ne présage rien de bon. Et ton intuition ne manque pas de te souffler que ça n'a rien à voir avec l'esprit. Le cœur battant, tu fais aussitôt demi-tour, d'un pas précipité pour quitter la pièce. Tu ne sais pas d'où le bruit provient, pas d'ici en tout cas, mais tu espères que c'est la première et dernière fois que tu l'entends. Ou juste une porte tellement vieillie par le temps qu'elle grince dans un son menaçant. Mais cette hypothèse te semble peu probable et tu reconnais qu'il ne s'agit que d'une manœuvre désespérée de ton esprit pour te rassurer. Tu accélères donc le pas pour sortir de ta salle lorsque tu te heurtes de plein fouet dans le couloir à quelqu'un, manquant de te casser la figure, ta main froissant le parchemin que tu viens de récupérer. Reconnais-le... ça a fait un peu mal, cette collision imprévue.

-Pardon, bredouilles-tu un peu sonnée.

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La porte et les offrandes n'étaient pas la fin, mais peut-être bien le début. Une fois abreuvé des cadeaux, sans un bruit, presque avec candeur, la porte s'était ouverte et cette sensation s'était renforcée, obligeant Ràn à avancer plutôt que de reculer. Et là derrière, sitôt là porte refermée, voilà qu'une ombre blanche se matérialise. elle met du temps à se stabiliser, mais l’effroi glace le sang de la Dunienne. Shaman, apprentie, elle aurait dû y être préparée, se gausser des évènements surnaturelles, après tout, n'était-ce pas ce qu'elle cherchait ? Une aide provenant d'entité autre que ces humains ridicules qui l'avaient tant bafoué. Mais là, devant l'évidence, elle se sentait aussi impuissante que tétanisée. Non content d'exister et d’apparaitre, la forme se mets à parler. Il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'il ne s'agit pas d'un esprit, mais d'une entité d'un autre genre, un fantôme, un spectre, une âme errante. Peut importait son nom, la mort avait emporté le corps, mais les pensées et les souvenirs avaient refusé de partir.

Savait-il seulement qu'il était...mort?
Son obsession semblait telle que rien n'était moins sûr. Raphaël dans toute sa bravache juvénile s'adresse à lui...à elle? Au fantôme, les autres n'en tenant plus, autant par malaise que par peur, s'en vont et explore les environs. Et Ràn? Elle reste, muette et pantelante devant cette apparition, comme une confirmation que les shamans, que son don et que la magie existe bel et bien. Si elle avait pu nourrir un doute, être partagée entre rancœur et résignation envers les dieux qui s'étaient moqués d'elle, reniant jusqu'à leur existence. Elle ne pouvait désormais qu'être mise face à une évidence qu'elle ne pouvait réfuter.

Et puis la douleur comprime sa poitrine, s'appropriant celle de celui qui fût, comme s'il s'agissait de la sienne. Encore une fois, mais désormais, elle était tout à fait consciente qu'il ne s'agissait pas de sa douleur, de ses blessures, mais celles de l’autre et elle ne pouvait que compatir.


-Ce lieu, nous ne le connaissions même pas. Nous sommes venus parce que vous nous avez mené ici. Parce que...c'était bien vous n'est-ce pas? Regardez, tout le monde explorer, tout le monde chercher. Nous allons vous aider, mais il faut vous calmer.


Mais se rendait-il seulement compte que cet endroit était vieux de...plusieurs années, trop pour que quiconque ici ait pu y faire quoique ce soit. Celle qu'il cherchait ne devait plus être et lorsqu'il s'en rendrait compte...peut-être que cela serait trop tard, ne valait-il mieux pas le chasser? L'exorciser? Elle connaissait la théorie, mais un cors ou un nom était nécessaire. Elle n'était pas encore capable de cela. Puis il y eu..ce bruit. Ce râle abominable.

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J’avançais le long du couloir. Le sol, parfaitement dallé, brillait à la lueur des flammes. Si nous n’étions pas face à un esprit agité, enfermés dans un endroit inconnu, j’aurai peut-être admiré les lieux. Encore que je préférais la beauté de la Nature à celle créée par la main de l’Homme. Quoi qu’il en soit, l’heure n’était pas à l’admiration. Celui qui nous avait attiré ici avait visiblement besoin de notre aide, et je n’imaginais pas la lui refuser. Je ne le pouvais de toute façon pas. Depuis l’instant où la porte s’était refermée, je savais que personne ne sortirait d’ici tant que nous n’aurions pas apaisé l’esprit. Alors je me mis en quête, explorant le couloir qui nous faisait face, écoutant, par-dessus les pleurs et les plaintes, cherchant sans savoir exactement ce que je cherchais, l’esprit malgré tout occupé par un autre fantôme. Celui de mon passé. Celui de ma sœur. J’avais cru l’apercevoir, un peu plus tôt, mais je n’avais pas eu le temps d’en avoir le cœur net.

Je dépassais une première porte, puis une seconde. Je frôlais le mur, cherchant à écouter derrière les portes, cherchant à nourrir mon intuition. Ce qu’il cherchait était là quelque part. Il le fallait. Sinon nous étions tous condamnés à rester là pour toujours. Alors que j’approchais de la troisième porte, un bruit étrange retentit, provenant d’une salle au bout du couloir. Je m’arrête, inquiet. Je ne reconnaissais pas ce son, et il ne provenait pas de l’esprit qui avait hanté nos nuits. Nous n’étions donc pas seuls. Je scrutais la porte d’où venait le son, inquiet. Quelques instants plus tard la porte devant laquelle je me trouvais s’ouvrait à la volée, et quelqu’un en sortait en courant, me heurtant avec brutalité. Je pars en arrière sous le choc, et recule de quelques pas, refermant par réflexe mes mains autour des bras de celle qui vient de frapper ma mâchoire d’un coup de tête violent. Une tête dissimulée par une capuche, du moins en partie car la capuche est tombée vers l’arrière avec le choc. J’écarquille les yeux. Mon cœur s’emballe de nouveau. Ma respiration se coupe. L’instant me semble durer éternellement. C’est elle. J’en suis certain maintenant. Malgré les années passées, je ne peux pas me tromper en la voyant ainsi, face à moi.

« Rosalie ! »

Je la lâche et recule, sous le choc. Ma tête tourne légèrement, mais je ne sais pas si c’est le choc sur ma mâchoire ou celui dans mon cœur. Ma main se pose sur le mur, pour me soutenir. Mais au lieu de pierre, c’est du bois que je sens sous mes doigts. Du bois vermoulu qui s’effrite sous mes doigts alors que je m’enfonce à travers la porte de la pièce voisine.

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